L'édito de la revue cibles
avril 97 - Aïe ! Ca olympique ...
mai 97 - Euroconfusion
juillet 97 - La liberté ne s'use que si l'on ne s'en sert pas
septembre 97 - Après vous, s'il en reste ...
novembre 97 - Un peu de recul
septembre 98 - Un peu de bon sens, S.V.P.
octobre 98 - Collection ou destruction ?
janvier 99 - 1998 est mort : vive 1999 !
décembre 99 - Y2K : ouailletouqui ?
Janvier 2000 - Du travail pour les tribunaux administratifs
Mars 2000 - Guillaume Tell,____ avec nous! Avec nous!


Guillaume Tell,____ avec nous! Avec nous!
____________ (Bis, sur l'air des lampions)

Quel est l'amateur d'armes qui ne connaît le Guillaume Tell, sous-titré l'Annuaire des Armes, lequel en est à sa dix-neuvième édition, ce qui ne nous rajeunit pas? Au cours de sa carrière, il a évolué d'un ouvrage encyclopédique paraissant tous les deux ans à une parution annuelle regroupant toutes les nouveautés. Reprendre les gammes entières de tous les fabricants chaque année l'aurait fait pencher vers la taille du bottin et le prix de l'encyclopédie Universalis, ce qui n'aurait convenu à personne et surtout pas à l'acheteur potentiel. Souple (félin et manœuvrier?) il s'est donc adapté à la conjoncture.

Dans cet esprit, nous l'accueillons avec plaisir au sein de la revue Cibles, où il nous proposera tout au long de l'année en huit pages mensuelles, l'ensemble des nouveautés ramenées dans les filets de son auteur, Raymond Caranta. Ces pages seront rassemblées chaque année en un numéro hors série qui sera étoffé de différentes rubriques complémentaires.

On ne présente pas Monsieur Caranta, pionnier du monde des armes et auteur d'innombrables articles et livres sur ce sujet. Ajoutons simplement que sa renommée est internationale, puisqu'il participe au fameux Gun Digest américain et qu'il a reçu différents prix littéraires spécialisés: le Townsend Whelen et le Loveless Prize.

Guillaume Tell est un héros suisse, comme chacun le sait. De plus, si l'on en croit sa légende, il utilisait une arbalète, c'est-à-dire une arme " non à feu " selon le jargon de la Directive européenne qui régit actuellement les armes. Alors pourquoi cette désignation pour un annuaire des armes? Laissons la parole à l'auteur, telle qu'il la prend en 1974 dans la première édition: "En cette période d'enrégimentation à outrance des citoyens de tous les pays, alors que l'ordinateur tisse une toile inexorable visant à contrôler toujours plus étroitement ce qui demeure des libertés individuelles, héritage prestigieux d'un dix-neuvième siècle libéral, la légende créée par l'historien Suisse Tschudi demeure un symbole plus vivant que jamais d'espoir et de confiance dans les qualités intrinsèques de l'homme, dont l'intelligence, l'adresse et la volonté de vivre libre ont toujours surmonté les forces d'oppression. Bien sûr, c'est avec une arbalète que Guillaume Tell perça la célèbre pomme, sauvant la vie de son fils et châtiant ensuite le terrible bailli Gessler, mais qu'importe: l'adresse n'est-elle pas toujours la même, qu'elle s'exerce avec une boule, un arc ou une arme à feu?"

Hymne à la liberté et paroles prophétiques, avant même que l'ordinateur personnel et l'Internet mais aussi le fichage informatique et le repérage des particuliers à l'aide de leurs téléphones portables ou de leurs cartes de crédit ne deviennent courants.

Voilà grâce à ce Guillaume Tell version 2000, vous serez désormais tenus informés en direct dans Cibles, au mois le mois, de toutes les armes de sport nouvellement créées dans le monde.

Eric Bondoux
éditorialiste de la revue Cibles - Mars 2000


Du travail pour les tribunaux administratifs

Comme nous avons tous pu le constater, l'année 1999 donnée aux possesseurs de fusils dits " à pompe " et d'armes de poing .22 LR à un coup pour déclarer leurs armes, et se voir refuser le droit de les conserver dans la plupart des cas, s'est écoulée sans changement notoire sur le fond de cette affaire. La circulaire instituant cette véritable spoliation n'a pas été révisée, alors que son caractère superflu par rapport au simple classement des armes en question en quatrième catégorie est manifeste. Les répercussions en sont considérables: nécessité de se séparer de leurs biens légalement acquis pour ceux qui les ont déjà déclarés (à l'exception des licenciés pour les .22 mono coup), conservation clandestine ou revente à bas prix pour les autres, ce qui ne peut qu'augmenter le nombre d'armes en circulation sans que l'Etat puisse les contrôler, et va à l'encontre du but recherché.

Pire encore, ces péripéties frappent des personnes qui ne l'ont pas mérité, des braves gens honnêtes (combien de voyous sont allés déclarer leurs armes aux autorités?), dont l'acte civique de se mettre en règle est suivi d'une sanction injuste. Honnêtes, mais pas forcément idiots avec cette expérience malheureuse, l'Etat ne leur apparaît plus comme le garant d'un minimum de libertés et le contrat de confiance est rompu. Cette "découverte " fera rire les cyniques qui n'y ont jamais cru, mais pas les amateurs d'armes qui, dans leur immense majorité, vivent leur loisir au grand jour et dans un souci de la légalité qui n'est pas vraiment le trait marquant de notre société. Gageons que la leçon ne sera pas perdue pour la suite : celle de l'évolution future de la réglementation, et celle de la vie civique...

A quoi attribuer la situation présente? Méfiance vis-à-vis du citoyen armé? Quel Etat pourrait craindre les .22 à un coup, et quel groupe armé de fusils < à pompe" résisterait à des Famas? Volonté de faire baisser la criminalité? Plus les lois anti-armes se sont durcies, plus elle a augmenté. Aucune étude, y compris celle de l'ONU, n'a pu établir de lien entre la diffusion légale des armes à feu et le niveau de criminalité dans nos sociétés. Même si l'on croit à ce préjugé, pourquoi ne pas avoir simplement surclassé les armes, sans pénaliser ceux qui les possèdent déjà depuis des années sans avoir commis ni crime ni délit?

Méconnaissance des dossiers? Pourquoi pas? Prétendre par exemple que le fusil à devant coulissant, numéro un mondial de la chasse, n'est pas un fusil de chasse c'est se baser sur de fausses informations. D'ici à penser que ni les chasseurs ni les tireurs n'en possédaient une grande quantité et qu'ils ne seraient donc pas massivement concernés, il n'y a qu'un pas. Pourtant, les voyous ne déclarant rien, l'affaire était de peu de conséquence! Dans la pratique, les données se sont avérées bien différentes. Mais qui aime se déjuger?

Les nombreuses questions posées par les parlementaires qui nous sont favorables, les lettres adressées aux cabinets ministériels ont obtenu des réponses floues, souvent bien à côté du sujet. Il est généralement impossible d'en déduire une attitude tranchée sur l'anormalité de dépouiller les citoyens, sans indemnité de surcroît. Pur cynisme, simple imprévoyance ou dessein obscur (mais alors très obscur!), tout est possible.

Reste le Conseil d'Etat pour les recours déjà intentés -- deux ans de délai en moyenne, dont un écoulé - et les procès devant les Tribunaux administratifs, qui ne plaisantent pas avec ce genre de cas. Quelques dizaines de milliers de procès laissent rarement un Etat insensible. Il est dommage d'en arriver là, mais quand il le faut, il le faut.

Eric Bondoux
éditorialiste de la revue Cibles - Janvier 2000


Y2K : ouailletouqui ?

Y2K, comme plus personne ne l'ignore aujourd'hui (n'est-ce pas?), c'est la désignation mondiale du bug informatique de l'an 2000, qui se prononce comme indiqué plus haut.
Personne ne sait au juste ce qui se passera, et les prédictions s'échelonnent de rien du tout à la Chute de la Civilisation, ce qui en dit long sur nos capacités réelles d'analyse. Et ce qui a poussé des millions d'Américains que les armes n'intéressaient pas beaucoup ou pas du tout (il y en a!) à en acheter une: prudence est mère de sûreté.

Après tout, pourquoi les machines que nous avons créées n'auraient pas le droit au " bug " , puisque nous-mêmes sommes sujets à bien des dérapages?

Prenons par exemple le fusil dit " à pompe" : on nous répète à l'envi que cette arme, inventée dans les années 1890, n'est pas une arme de chasse. Nous sommes certainement en présence d'un < bug >, puisqu'il s'agit du fusil de chasse qui est statistiquement le plus répandu dans le monde.
Il suffit d'ouvrir le catalogue de n'importe quel fabricant international de fusils lisses pour s'en rendre compte. Il est vrai qu'il n'est utilisé " que " par trois cent mille personnes en France pour cette activité, mais cela ne change rien à sa nature.

Autre " bug " facilement identifiable: Eric Grauffel, un Français champion d'Europe IPSC que nous vous avions présenté dans Cibles, vient de remporter haut la main les très disputés XIIes Championnats du Monde de cette discipline à Cébu, Philippines. Félicitations! La plupart des nations du monde y participaient, y compris les plus petites.
Mais pas la France, puisque notre ministre de la Jeunesse et des Sports, judicieusement conseillé par des personnes désintéressées, ne reconnaît plus cette discipline " subversive " alors que c'est elle qui suscite le plus grand intérêt dans le monde. Grauffel, qui a réussi l'exploit de battre les Américains maîtres du genre, ne représente donc que lui-même. A pleurer!

Rassurez-vous, nous n'avons pas le monopole du " bug " : les Anglais sont très forts aussi. Il y a deux mois, leur police traînait devant les tribunaux un tireur parfaitement en règle, mais qui avait confié l'une des clés de son armoire forte (contenant deux malheureux fusils dont une .22) à sa vieille môman de 81 ans, au cas où il lui arriverait un accident. Quel crime abominable! Des juges laxistes lui ont donné raison, mais heureusement la police anglaise fait appel...

Je vous souhaite à tous un joyeux Noël, et un excellent Y2K! Mais faites attention quand même...

ErYc 2BondouxK
éditorialiste de la revue Cibles - décembre 1999


1998 est mort : vive 1999 !

La nouvelle année est toujours l'occasion de présenter un message d'espoir. Voici le mien :

Même les pires dictatures d'extrême droite ou d'extrême gauche n'ont jamais réussi à extirper du cœur de l'homme l'amour du beau, du bien fait et de la belle mécanique, et je pense au domaine des armes en particulier.

A plus forte raison une démocratie bien tempérée comme la nôtre 'malgré tous ses défauts) et en temps de paix ne peut décemment se fixer un tel but.

La " spirale de la dangerosité " (recherche et interdiction de tout objet potentiellement dangereux) est une paranoïa sans fin, qui mènerait hommes politiques et hauts fonctionnaires au fond du gouffre, et nous avec.

Avec un peu d'entraînement, on peut tuer un homme avec la moitié des objets qu'il a sur lui : cravate, lacets, ceinture, stylo au bon diamètre, etc. L' " arme " la plus couramment utilisée dans les querelles domestiques d'aujourd'hui, c'est le fer à repasser, qui a détrôné le traditionnel rouleau à pâtisserie. A quand son classement en quatrième catégorie à la suite d'une campagne de presse bien orchestrée ?

Dans les musées de l'ex République Démocratique Allemande, même les armes historiques étaient mutilées, neutralisées, tant le gouvernement se sentait peu assuré du soutien populaire et craignait pour sa survie politique.
Il n'est pas question de supporter qu'on en arrive en France à de telles extrémités.

Aussi je demande à nos dirigeants, pour 1999 et en notre nom à tous, de ne pas se tromper de cible : harceler les truands, oui Harceler les honnêtes gens au prétexte qu'ils sont propriétaires d'une .22LR : non !

L'ordre public est une noble cause mais elle ne doit pas être confondue avec la raison d'Etat, ou la trouille d'un avenir incertain, lequel ets une constante de l'histoire humaine qui ne doit pas annhiler la réflexion de fond et encore moins la concertation.

C'est mon souhait le plus cher pour 1999.

Bonne année à tous.

Eric Bondoux
éditorialiste de la revue Cibles - janvier 1999


Collection ou destruction ?

Le 24 août dernier, à San Francisco, se tenait une vente aux enchères d'armes de collection qui a battu tous les records du genre en atteignant un milliard et demi de centimes ! Butterfield and Butterfield proposait au public la collection Herbert Green, composée de 400 armes et accessoires, pour l'essentiel des armes américaines du milieu et de la fin du XIV° siècle.

Les Colts Paterson se sont taillés la part du lion, s'envolant suivant les modèles de 800 000 F à 2 000 000 F. Le même jour, au même endroit, 150 pièces d'armes et d'équipements, d'origine Mogol datant des XVIII° et XIX° siècles, étaient dispersées pour six cent soixante millions de centimes !

Quel contraste avec notre vieille France ! Rappelons qu'en mai dernier, le député Le Roux proposait froidement, dans la première mouture de son projet de loi (modifiée seulement 48 heures avant son passage) la " neutralisation " de toutes les armes de collection du XV° siècle à nos jours. Il fallait ensuite les déclarer aux forces de l'ordre, puis à la préfecture.

Cette proposition iconoclaste et masochiste aurait abouti à la destruction de notre riche patrimoine historique armurier au pire (comment neutraliser une arquebuse à rouet ou une paire de pistolets Louis XV sans les réduire à l'état de ferraille ?), ou à une fuite des plus belles pièces vers l'étranger au mieux.

Pour éviter à l'avenir un tel désastre, infamant de surcroît pour ceux qui le voteraient, il faut aux Français un statut du collectionneur d'armes. Cette idée n'est pas neuve, et elle a le mérite d'exister dans plusieurs pays européens. Mais elle a bien du mal à percer en France, pour le plus grand plaisir des collectionneurs étrangers bénéficiant de réglementations plus structurées.

Eric Bondoux
éditorialiste de la revue Cibles - octobre 1998


Un peu de bon sens, S.V.P.

De nouvelles mesures réglementaires vont bientôt (date inconnue !) venir s'ajouter aux emplâtres sur les jambes de bois des mesures précédentes. Depuis 1993, de nombreuses armes ont été mises hors de portée du commun des mortels ou éliminées du marché. Résultat : nul. Crimes et délits n'ont cessé d'augmenter dans la frange de la population où on pouvait s'attendre à ce que cela ce produise, et aucune réglementation des armes n'y changera rien, puisque le problème n'est pas là. Quant à la soi-disant " banalisation des armes " à travers toutes les couches de la société, elle relève de la psychose et d'une overdose de feuilletons : les ventes d'armes n'ont cessé de baisser depuis de nombreuses années.

La preuve de l'inutilité de telles mesures sera d'ailleurs bientôt rapportée si, comme il en est question, seuls les chasseurs et les tireurs peuvent à l'avenir acquérir légalement armes et munitions. Ces catégories hyper surveillées et devant montrer patte blanche pour tout et n'importe quoi sont la démonstration vivante que la détention d'armes n'entraîne pas systématiquement la violence, comme le proclament ceux qui ne se sentent pas assez équilibrés pour en posséder. Malgré toutes les tracasseries passées, présentes et à venir, elles continueront à donner l'exemple de la maîtrise.

Pour le reste de la population (cinquante huit millions de Français classés suspects), le problème est bien différent : si les plus intéressés rejoindront nos rangs (bienvenue !) et pratiqueront des activités sportives passionnantes malgré la paperasse, les autres feront des clients idéaux pour un formidable trafic d'armes une fois l'expérience faite de leur vulnérabilité face à des faits divers toujours plus nombreux. Et pas question alors de déclaration, de formulaire supplémentaire ou de passage au banc d'épreuve…

Le passage en quatrième catégorie des fusils à pompe semble désormais indispensable aux pouvoirs publics. Pourquoi ne pas en avoir simplement restreint la vente aux plus de 24 ans, par exemple, depuis une dizaine d'années ? Il faut bien 21 ans pour demander une autorisation ! Le gros des voyous étant âgés de 14 à 20 ans, le problème aurait été contenu à peu de frais. Comme la vente se fait sur présentation d'une pièce d'identité avec enregistrement dans un livre de police du numéro de l'arme, etc., le " grand frère " coincé à ravitailler ses cadets aurait pu écoper d'une peine exemplaire pour du vrai trafic d'armes.

Le surclassement des .22LR à un coup est ennuyeux : c'est l'arme de base du tireur débutant (lequel d'entre nous n'en a pas eu ?) mais également celle des grands champions. Pourquoi ne pas simplement en limiter la vente aux tireurs licenciés, connus et reconnus, suffisamment fichés et encadrés, et dont on est sûr qu'ils n'en feront pas n'importe quoi ?

Des mesures simples, de bon sens et gratuites qui auraient le mérite de ne pas retenir les membres des forces de l''rdre derrière leur bureau, à compiler des déclarations en x exemplaires des années durant, alors que l'on a tant besoin d'eux dans la rue !

Eric Bondoux
éditorialiste de la revue Cibles - septembre 1998


Un Peu de recul

De temps à autre, il est bon de prendre un peu de recul en réexaminant ses propres convictions, ne serait-ce que pour éviter de devenir sectaire ou de se laisser dépasser par l'évolution du monde.

C'est pourquoi j'ai été vivement intéressé par le décret actuel sur la cryptographie (l'art du codage), thème en passe de devenir un enjeu capital dans le domaine d'une informatique omniprésente. Quel rapport avec les armes ? Une extraordinaire similitude avec nos préoccupations. Les utilisateurs potentiels des codages, commerçants ou particuliers, craignent pour leurs libertés. Sans codages, pas de confidentialité des données transmises, des relations amicales aux numéros de cartes bancaires. Or les autorisations pour coder sont très difficiles à obtenir, ce qui vous rappellera sûrement quelque chose… Une loi est passée à ce sujet en 1996, dont les décrets d'application ne sont pas encore parus. On pense aux décrets de report des déclarations, toujours à paraître. Le commerce - électronique en l'occurrence - est sérieusement entravé: autre similitude. On propose aux utilisateurs l'idée que des truands pourraient coder leurs "affaires" si le codage était libre, alors qu'ils le font déjà, et sans autorisation, bien sûr. On retrouve la dualité armes légales des tireurs et armes outils que les malfrats se procurent sans peine malgré une réglementation sévère. On s'achemine vers des systèmes de contrôle bureaucratiquement lourds (air connu de nous) avec codes de décryptage disponibles pour les autorités, dont les utilisateurs craignent qu'ils ne soient volés par des tiers, ou subissent des fuites. On pense irrésistiblement aux fichiers des déclarations, avec adresses et matériels, et aux inquiétudes que nous avons déjà exprimées dans ces colonnes pour leur sécurité. Enfin, les américains sont très en avance dans ce domaine, après avoir dû lutter contre leur gouvernement qui a tourné casaque et finalement pris parti pour la libéralisation. En matière d'armes aussi, l'avance US est évidente (70% du marché mondial) et Bill Clinton s'est récemment fair désavouer par le Cour Suprême pour un certain nombre de ses mesures anti-armes.

Avouez que les similitudes sont frappantes.

Conclusion : nous ne sommes pas des isolés menant un combat étriqué. D'autres citoyens, impliqués dans des technologies de pointe, ont des problèmes semblables, des inquiétudes et des mobilisations ressemblant fortement aux nôtres.

Au fait, savez-vous qui, en France, s'occupe des problèmes de cryptographie ? Vous ne devinez pas ? Si, bien sûr : les mêmes qui ont conçu la réglementation des armes.

Eric Bondoux
éditorialiste de la revue Cibles - novembre 1997


Après vous, s'il en reste ...

Le 19 juillet dernier paraissait dans l'Equipe Magazine une interview de Jean-Pierre Amat, médaillé olympique de tir et détenteur de nombreux autres titres. Les deux premières pages en sont plutôt sympathiques, marquant une approche du tir très " zen ". C'est honorable et respectable. Là ou les choses se gâtent - et gravement - c'est que toutes les autres approches ne lui semblent pas du tout honorables, et les gens qui les pratiquent (c'est-à-dire, l'immense majorité des licenciés FFT) pas respectables du tout.

A tel point que monsieur Amat rêve de stands séparés pour les " cow boys " (nous) et les " sportifs " (lui et ses amis), d'une fédération limitée à 40000 " sportifs " sur les 140000 licenciés actuels à qui il dénie même leur utilité en tant que cotisants assurant les coûteux déplacements des champions et de leurs accompagnateurs.

Demandez le programme : ségrégation et exclusion, avec mépris du cochon de payant en prime !

La charge est encore plus incroyable (si possible) contre les compétiteurs de parcours de tir français : ils utilisent des cibles " grosses comme des vaches " ou des " silhouettes de gamins de quinze ans " pour " s'entraîner comme des policiers " et ce sont des " irresponsables ". On ne nous précise pas si cela prouve qu'ils sont zoofhiles, ou pédophiles, ou les deux.

Une rancœur aussi tenace est certainement bien ancienne, mais ce qui l'a fait exploser, c'est la mise à l'écart de Nicolas Nibourel, Directeur Technique National, aux dernières élections FFT. En fait : un rééquilibrage vers les simples tireurs - la majorité - qui aurait dû être effectué depuis longtemps. Et qui n'est pas d'ailleurs exclusif, loin de là, du respect de la minorité qui se consacre à la haute compétition.

Pour mémoire, notre champion était entraîné par Yves Delnort, lequel proposait de boucher la sixième chambre des revolvers, cinq étant suffisantes pour la compétition. On n'est pas plus ouvert !

Jean-Pierre Amat est passé à la fédération de Biathlon. Il a bien fait. Mais est-il pour autant à l'abri ? L'agence de presse Itar-Tass nous rapporte dans une dépêche qu'un bus rempli de champions russes et biélorusses de biathlon à mis en fuite quatre détrousseurs qui attaquaient leurs entraîneurs. Et ce en utilisant leurs armes de Match. On ne peut vraiment faire confiance à personne !

Eric Bondoux
éditorialiste de la revue Cibles - septembre 1997


La liberté ne s'use que si l'on ne s'en sert pas

Tout le monde s'en doute : le marché des armes de sport ne se porte pas bien. Contrairement à celui des armes de guerre supervisé par les états, merci. A la situation économique instable est venue s'ajouter dans notre domaine spécialisé la contrainte d'une nouvelle réglementation franco-européenne qui a fortement restreint les possibilités d'achat.

Plus grave encore, la complexité de ces textes, la minutie et l'étendue des formalités, l'absence de réponses claires d'une administration dépassée par le raz de marée des déclarations au volume largement sous-évalué ont émoussé l'intéret des amateurs. Même pour les armes en " vente libre ". Une sorte de ras-le-bol comparable à celui qui provoque un taux toujours plus élevé d'abstentions aux élections..

Il en résulte une situation très difficile pour les fabricants, les importateurs et les armuriers français. Même le banc d'épreuve de Saint-Etienne n'y échappe pas. Il y a peu, une campagne publicitaire télévisée nous avertissait que la mévente du pain " à la française " pourrait entraîner un jour sa quasi disparition.

Notre situation est tout à fait comparable. S'il ne se vend presque plus d'armes et de cartouches de sport, c'est tout le commerce de ces produits qui disparaîtra.

En fait, il ne s'agit pas seulement du sort des commerçants dont il est question : tireurs, chasseurs et collectionneurs.

Baisser les bras et se livrer à d'autres activités de loisir ou la paperasse n'est pas reine et dans lesquels les petits chefs n'ont pas de pouvoir, quelle tentation !

Il faut résister : des traditions et des pratiques séculaires, un patrimoine historique et industriel remarquable ainsi que des sports passionnants disparaîtraient. Afin de pouvoir encore détenir les armes de demain, il faut continuer à en acquérir aujourd'hui. L'avenir est à ce prix. La liberté aussi.

Eric Bondoux
éditorialiste de la revue Cibles - juillet 1997


Euroconfusion

En avril dernier s'est tenu à Stuttgart la quatrième assemblée générale de la FESAC (Fédération Européenne des Associations de Collectionneurs). L'Antac y représentait la France, aux côtés de la Grande-Bretagne, des Pays-Bas, de l'Allemagne, de la Finlande, de l'Italie, l'Autriche, le Portugal , l'Espagne, la Belgique, la Suède, la Norvège et même nos amis suisses.

C'était l'occasion d'échanger les dernières nouvelles juridiques, d'étudier et comparer nos réglementations respectives et de mettre au point des projets à l'échelle européenne.

C'est ainsi, par recoupements, que certains faits apparaissent. Par exemple que l'administration française s'est précipitée tête baissée dans la Directive Européenne de juin 91, transformant avec empressement ses suggestions non obligatoires en réglementation nationale. Bien imprudemment parce que dans le même temps, les administrations d'autres pays d'Europe regardaient en l'air, ou leurs pieds...

Cette directive avait pour but de nous permettre la libre circulation entre les états membres en harmonisant leurs législations sur les armes, évitant ainsi que l'on puisse acquérir dans un pays voisin quelque chose d'interdit dans son propre pays, et le ramener avec facilité vu l'absence de contrôle (théorique) aux frontières.

Pour ce qui est de la libre circulation, on sait ce qu'il en est : les tireurs et chasseurs français ne disposent toujours pas, quatre ans plus tard, de la carte européenne d'armes à feu qui leur est réclamée par d'autres états pour leurs déplacements. Pour ce qui est de l'harmonisation, bémol également. Si les français ne peuvent plus acquérir librement des chargeurs, ces derniers sont en vente libre en Belgique et en Allemagne. Les Belges peuvent encore acheter des armes automatiques avec autorisation, ce qui n'est plus notre cas, et librement des armes de " panoplie " dont certaines sont encore classées " arme de guerre " chez nous, pour notre plus grand ridicule. On pourrait accumuler les exemples où notre administration à trop vite appliqué au pied de la lettre les suggestions de la directive, voire à cru bon surenchérir dans l'interdiction, ce qui condamnait paradoxalement toute véritable harmonisation.

L'ennui est que tous tendent à défavoriser les consommateurs français et à défavoriser les commerçants des autres pays européens.

Grand bien leur fasse. Mais la sagesse populaire à bien raison qui dit que l'on est jamais trahi que par les siens.

Eric Bondoux
éditorialiste de la revue Cibles - Mai 1997


Aïe ! Ca olympique ...

Double bang à la Fédération Française de Tir, dont on retrouve des échos dans les médias (l'équipe, Libération, etc...) : un détournement de 8 millions de francs sur un budget d'environ de 37 millions et une fronde des tireurs olympiques dont certqins estiment que le renvoi de leur directeur technique est le prélude à une mise à l'écart de ces disciplines.

Tous les tireurs apprécient l'envergure olympique de la France. Depuis l'attention plutôt lointaine (c'est mon cas) jusqu'à l'enthousiasme déchaîné, personne n'est indifférent aux médailles durement glanées par nos champions.

Toutefois, nous autres, tireurs "non-olympiques", pratiquant les disciplines dites "mondiales" ou de "loisir" pouvions imaginer que notre argent serve avant tout aux 13% de compétiteurs. Nous apprenons avec soulagement qu'il n'en est rien, puisque tout laisse à penser qu'une bonne partie des fonds s'est évaporée sous forme de détournement. Celà semble être le lot de nombreuses fédérations, sportives ou non. Ca n'en est pas moins très regrettable.

Qouiqu'il en soit, la vraie question n'est décidémment pas là, mais dans la répartition des inscrits à la FFT : 13% de compétiteurs et 87% de non-compétiteurs. A l'évidence, une majorité écrasante de tireurs sont peu ou pas intéressés à la compétition classique. Leur conception du tir en tant que loisir est différente, ce que tout le monde savait déjà. Il n'y a donc rien de déshonorant ou d'arbitraire à les écouter davantage et à les servir mieux, bien au contraire !

Et si le nouveau buraau élu en début d'année s'y emploie en priorité, on ne peut qu'applaudir.

Eric Bondoux
éditorialiste de la revue Cibles - Avril 1997