Pour les tireurs, Nobel sport lance sur le marché une nouvelle poudre destinée aux cartouches à haute performances pour les armes de poing.

Pourquoi une nouvelle poudre ? Dire que la poudre est l'élément moteur d'une cartouche est un truisme que personne ne conteste ; par contre, un moteur, quel qu'il soit n'est pas universel, il doit être conçu pour l'usage auquel on le destine. Les poudres n'échappent pas à cette règle et c'est pourquoi elles sont classées suivant ce qu'on appelle la " vivacité relative ", définie comme étant la dérivée de la pression en fonction du temps. En réalité, la vivacité relative est un paramètre purement expérimental, on utilise pour cela un vase clos, appelé " bombe manométrique " qui permet de comparer la vitesse de combustion (et la pression) de la poudre testée, par rapport à une autre poudre prise comme référence, et tirée dans les mêmes conditions. Il est donc théoriquement possible de faire un choix suivant la cartouche que l'on se propose de charger ; malheureusement, l'échelle de vivacité ne suit pas une progression arithmétique, certains types de poudres sont très proches, alors que d'autres sont séparés par des vides plus ou moins importants, ce qui confronte quelquefois le rechargeur à des problèmes insolubles, le choix étant limité à une poudre trop vive (danger de surpression), ou trop lente (charge limitée par le volume de l'étui). C'est en particulier le cas pour les poudres françaises Vectran SP8 ( sphérique écrasée), et SP3 (sphérique) qui sont assez éloignées l'une de l'autre.

Ces problèmes sont apparus dans deux cas précis : tout d'abord, avec les nouveaux calibres 10mm Auto, 40 S&W, et 41 A.E., ensuite avec le 38 Super Auto destiné au Tir Pratique. A ce propos, nous avons vu, dans un précédent article " la quantité de mouvement et le facteur 175 " (cibles N° 323), les pressions extrêmement élevées que pourraient donner des poudres mal adaptées ; il étais donc urgent de proposer aux tireurs un indice de vivacité intermédiaire, afin de répondre à ces exigences, c'est la raison du lancement de la poudre Vectran SP2.

Relation entre le choix de la poudre et la pression.

Les cartouches pour armes de poing peuvent être classées en trois catégories, suivant les pressions admissibles définies par la C.I.P :

• Les basses pressions, inférieures à 2000 bars
• Les pressions moyennes, de 2000 à 2600 bars
• Les hautes pressions, jusqu'à 3445 bars (357 maxi).

Les fabricants de munitions, qui sont tenus de respecter les pressions CIP, indiquent, pour chaque cartouche et masse du projectile, des vitesses appelées quelquefois " vitesses tabulaires " qui servent de références pour le rechargeur. Le choix du type de poudre est donc fait en fonction de trois données : la capacité de l'étui, la densité de section du projectile, et, bien entendu, la pression admissible. Lorsque l'une de ces données (et à fortiori les trois) augmente, la vivacité de la poudre doit décroître proportionnellement, mais, en contrepartie, la charge devrait être plus élevée, et c'est précisément là où est le problème car la charge de poudre utilisable dépend à la fois de la capacité de l'étui, et de la masse volumique de la poudre.

Pour les calibres développant des pressions moyennes, nous disposons de trois poudres Vectran : la BA9 (la plus classique, la A0 (la plus flexible), la SP8 (la plus performante). Ces poudres permettent d'obtenir, avec les projectiles standard, les vitesses tabulaires, en respectant les pressions admissibles. Au delà de la SP8, nous trouvons la SP3, destinée exclusivement aux magnums, donc beaucoup trop lente. Or la tendance actuelle étant aux cartouches " musclées ", les poudres miracles n'existant pas, les cartoucheries américaines ont tourné la difficulté en créant les cartouches " +P " (plus pressure), soit environ +10% de la pression admissible (rappelons que la pression dite statistique et la pression d'épreuve correspondent à +15% et +30% de la pression admissible).

La pression statistique ou individuelle est définie par la formule suivante : (Ecart type x coefficient)+pression moyenne / 1,15 pression admissible. Cette formule comporte deux variables : l'écart type des pressions que devrait être le plus petit possible, et le coefficient qui varie en fonction du nombre de coups.

En s'intercalant heureusement entre la SP8 et la SP3, la Vectran SP2 relève le défi de concilier à la fois la sécurité et les hautes performances.

Les premiers essais de la SP2

Caractéristiques physiques.

• Poudre sphérique laminée (sphérique écrasée)
• Densité gravimétrique (g/l) 908
• Pouvoir calorifique (cal/g) 923

Caractéristiques chimiques

• (Type double base)
• Nitroglycérine : 12,4%
• Centralite 1 : 3,4%
• Diphénylamine : 1,09%
• Carbonate de calcium : 0 ,15%
• Nitrate de potassium : 0,72%
• Graphite : 0,24%

Sur l'échelle de vivacité, la SP2 se trouve donc placée entre la SP8 et la SP3 ; elle correspond approximativement à l'ancienne 630 de Winchester.

Pour essayer une nouvelle poudre, il n'existe aucune théorie balistique particulière ; les charges d'essais sont déterminées expérimentalement en tenant compte de la vivacité (en vase clos), et des trois données citées plus haut, l'objectif étant d'atteindre la vitesse d'emploi recherchée, la pression restant, bien entendu, le paramètre déterminant.

Les premiers essais ont été faits d'abord sur le 38 Super Auto (Pression admissible 2500 bars), car, compte tenu des valeurs extravagantes relevées sur des chargements utilisés en tir partique : 4059 bars avec 64,5 centi. De SP8, et surtout 4535 bars avec 62,5 centi. De vithavuori N.350 (voir cibles 323 page 24), il étais urgent de trouver une solution à ce problème.

38 Super Auto

Douilles Remington. Amorces Winchester S.P.

Afin d'atteindre la densité maxi de chargement, toutes les cartouches sont à la longueur CIP, soit 32,51 mm. Très léger sertissage conique.

Balle Speer FMJ N°3995. Masse 7,45g (115 gr). dia 9,02 mm
vitesse minimale pour facteur 175 : 464 m/s
Charge g. 0,68. V.2,5 (m/s) : 475,3 m/s pres. bar 2510
Charge g. 0,70. V.2,5 (m/s) : 479 m/s pres bar 2860,8

Balle Speer TMJ N°4004. Masse 8 (124 gr). dia 9,03 mm

Vitesse minimale pour facteur 175 : 430 m/s
Charge g. 0,62. V.2,5 (m/s) : 440,1 m/s pres. bar 2589
Charge g. 0,65. V.2,5 (m/s) : 467,3 m/s pres bar 2883,8

Balle Rem. FMJ-FN. Masse 9,53 g. (147 gr). dia 9,01 mm

Vitesse minimale pour facteur 175 : 363 m/s
Charge g. 0,52. V.2,5 (m/s) : 382,3 m/s pres. bar 2418,4

Commentaires

Nous constatons que pour atteindre la quantité de mouvement de 3,44 kg-m/s (et non kgm/s) qui correspond au facteur 175, les pressions, avec projectiles de 115 et 124 grains, dépassent sensiblement la valeur admissible, mais restent approximativement dans la norme +P+ qui est de 2800 bars pour cette cartouche. Nous constatons également que la balle la plus lourde (147 grains), atteint le facteur sans problème, avec une pression onférieure à la pression admissible CIP, ce qui prouve que dans la recherche d'une énergie de choc élevée, la masse du projectile est prépondérante.

En ce qui concerne les pressions, deux points doivent être également considérés : 1° la diamètre du projectile qui ne devrait pas dépasser 9,02 mm (ne pas trop se fier au diamètre inscrit sur la boite). 2° la force de rétention qui doit être suffisante pour éviter le déplacement de la balle au moment du retour violent de la culasse ; à ce propos, pour que la cartouche ne se présente pas dans la chambre sous un angle trop grand, on a intérêt à utiliser, si possible, des chargeurs aves des lèvres courtes.

Nous avons également commencé des essais avec d'autres calibres : 40 S&W, 10 mm Auto, 9 mm Para, 357 Mag., 44 Mag., 45 ACP. , mais pour l'instant, ces essais sont trop fragmentaires poue être publiés . Bien entendu, les lecteurs de Cibles et de cette page web seront informés en priorité.

Source : Cibles - René Malfatti.